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LES ABIMÉS

Bernard, Charles, Daniel, Fred et Yves ont tous été hospitalisés au pavillon d’addictologie de Sarreguemines à l’hiver 2021 pour se séparer de la drogue ou de l’alcool, souvent des deux. L’un a pris l’habitude, dès le plus jeune âge, d’attaquer sa journée de travail par un café et un schnaps quand l’autre a passé vingt-deux ans à prendre quotidiennement de la cocaïne mélangée à de l’héroïne pour assurer son travail de représentant commercial. L’un d’entre eux fumait du crack et errait dans les bunkers désaffectés de la ligne Maginot là où l’autre a tenté par tous les moyens chimiques en sa possession de faire taire son hyper-sensibilité et la vivacité de son esprit qui le dévoraient à petit feu. Le dernier est resté coincé dans un délire hallucinatoire à la limite de la paranoïa. induite par une surdose de psychotropes. Il est désormais handicapé des suites d’une bagarre qui a mal tourné.

Cette enquête documentaire explore les mécanismes intimes et les trajectoires personnelles qui poussent une personne à consommer des stupéfiants pour échapper à ses démons. En empruntant les codes du récit biographique, je retourne sur les traces de ces patients qui ont accepté de se confier à moi. Au delà des différents facteurs sociaux, économiques et psychiatriques qui mènent parfois à une consommation excessive de substances, il existe bel et bien une donnée très personnelle et non quantifiable qui intervient dans ce processus. C’est à la recherche de cet élément singulier qui se loge à l’endroit où le sens s’étiole que je me suis mis en quête au travers de leurs chemins.

Chacune des images présentée ici a été élaborée sur la base d’un long entretien et produite sur les lieux que ces personnes fréquentaient lorsqu’ils consommaient, ou bien ceux qui ont été le théâtre de leurs tourments. Ils s’accompagnent d’un récit  sous forme de documentaire sonore  qui relate leur enfer.

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